12 rames du TVR de Caen sont parties à Nancy. Elles serviront de pièces détachées en attendant que la capitale de la Lorraine opte à son tour pour le tramway moderne.
On croyait définitivement tournée la page du TVR de Caen. Après l’arrêt le 31 décembre au soir, l’avenir du premier tram sur pneus développé par Bombardier semblait scellé. Caen a en effet tiré brutalement les conclusions du manque de perspectives du système en s’engageant dans la construction d’un nouveau réseau de tramway fer.
C’était sans compter avec Nancy, l’autre agglomération qui avait choisi le TVR, en décembre 2000. Envoyer à la casse les 24 rames de Caen était peut-être la solution la plus simple, mais pas forcément la meilleure. D’autant que l’un des principaux défauts du TVR est de n’avoir connu aucune modernisation ni développement après son retrait du catalogue par Bombardier. Dans ces conditions, les équipes de maintenance doivent souvent faire des prouesses pour maintenir les véhicules en service. On comprend pourquoi Nancy, qui continue à exploiter des rames de TVR, a manifesté son intérêt pour le matériel de Caen. Un arrangement a pu être trouvé entre des deux agglomérations qui s’avère au final une bonne affaire pour les deux parties. Pour Nancy, il s’agit de récupérer 12 des 24 rames du parc caennais. D’autant que la transaction est… gratuite à charge pour Nancy de s’assurer du coût du transport en convoi exceptionnel. Mais la ville normande n’y perd pas non plus puisque ce cadeau lui permet en réalité de réaliser des économies. Ainsi, ce sont près de 30 000 euros que Caen n’aura pas à débourser pour le démantèlement de la moitié de son ancien parc. Les autres rames vont en effet finir leurs jours dans l’usine de valorisation énergétique de Colombelles, solution environnementale préférée à un simple départ à la casse chez un ferrailleur.
Les rames transférées ne viendront pas pour autant renforcer le parc nancéen. Même si la compatibilité entre les deux TVR oscille entre 90 et 95 %, des différences demeurent. La plus visible concerne le captage de courant, par pantographe à Caen et par double perche à Nancy. C’est donc comme magasin de pièces détachées que seront utilisées les anciennes rames. Une aubaine pour un matériel qui n’est plus produit depuis longtemps. D’autant que les TVR de Nancy ont connu bien des soucis, à l’image de cette rame qui a pris feu l’été dernier.
C’est donc le 23 janvier que le premier convoi exceptionnel a quitté Caen pour Nancy. Les rames ont fait le voyage deux par deux, nécessitant donc six rotations étalées jusqu’en mars. Deux jours plus tard, le 25 janvier, les deux premiers trams sont arrivés à Nancy. Ce don de matériel va permettre de continuer l’exploitation du TVR durant cinq ans jusqu’en 2022. Ensuite, c’est un tramway fer tout comme à Caen qui devrait lui succéder. La concertation publique sur le nouveau mode de transport s’est achevée en janvier. On s’oriente vers une ligne principale qui reprendrait le tracé actuel de Saint-Max au Vélodrome avec des variantes en périphérie. Reste que le TVR malgré ses défauts permet la montée sans difficultés vers Brabois grâce à son adhérence pneus. Le nouveau mode retenu devra se jouer de ce rude profil qui avait déjà en son temps justifié en partie le choix du TVR. La messe n’est peut-être pas tout à fait dite pour le pneu…