Suite au succès de la ligne 1 ouverte en 2007 à Nice, la ville a décidé la création de deux autres lignes. La ligne 2 avec 20 stations dont quatre en souterrain est ainsi entièrement opérationnelle depuis le 2 septembre 2019. Quant à la ligne 3 elle circulera d’ici la fin de l’année.
C’est en 2003 que le maire de Nice, Jacques Peyrat, décida de lancer l’idée d’une première ligne de tramway dans sa ville. La ligne 1 devait relier Nice nord (Las Planas) à Pont-Michel (Saint-Roch) en passant par la place Masséna. Mais les travaux s’annonçaient laborieux car il était nécessaire d’en profiter pour renouveler tous les réseaux d’eau, de gaz et d’électricité. Ils furent particulièrement pénibles dans les avenues descendantes (Gorbella, Borriglione, Malausséna et Jean-Médecin) car ces avenues furent jadis établies sur d’anciens ruisseaux qui avaient été recouverts. Or l’occasion se présentait de les convertir en conduites d’évacuation des eaux de pluie de grande dimension. Ces travaux durèrent plus d’un an et le mécontentement de la population fut grand, ils furent aussi contestés par les inconditionnels habituels de la voiture qui craignaient que ce moyen de transport d’un autre temps et coûteux ne les prive de circulation et de stationnement. En outre, des rumeurs de pots-de-vin et de favoritisme dans l’attribution des marchés discréditaient le maire et son projet. On doutait que le tram devienne un jour une réalité.
Or, la ligne ouvrit le 25 novembre 2007. Le succès immédiat fut si éclatant que plus personne ne pourrait s’en passer aujourd’hui, le temps de parcours pour gagner le centre étant devenu imbattable. La réorganisation des lignes d’autobus rabattues sur les stations profite même aux habitants des collines qui peuvent aussi utiliser les parcs-relais (Parcazur) au terminus de Las Planas (rebaptisé Henri-Sappia) et en d’autres points. Mais ce succès a une raison originale : la ligne étant isolée et exclusivement établie en site propre, elle est exploitée comme une ligne de métro. Les rames vont d’un terminus à l’autre, bénéficient aux carrefours de la signalisation qui leur accorde, naturellement sauf incident, la priorité. La vitesse autorisée s’élève à 50 km/h en certains points (Gorbella, Saint-Roch), ce qui n’est pas toujours évident pour un tram.
Bien qu’il ne soit pas spécialement amateur de voies ferrées, Christian Estrosi (le maire actuel, célèbre pour sa passion des motos) s’est lancé dans l’aventure de la ligne 2 (et 3 simultanément) que Jacques Peyrat avait dû abandonner au profit de bus en site propre. Et il s’y est investi avec passion ! Ici les travaux préparatoires ont été bien moins contraignants et, coup de théâtre, il lança l’idée de tracer la ligne en tunnel du quartier Grosso (Magnan) au port Lympia où le terminus était prévu sur le quai au niveau des bateaux. Bien sûr, le projet fut immédiatement l’objet de polémiques. Ce tunnel pharaonique et dispendieux allait ruiner la ville déjà lourdement endettée, les immeubles allaient s’écrouler, le sol gorgé d’eau n’est pas sûr, le centre-ville sera mal desservi et qu’arrivera-t-il en cas de tsunamis ? Patrick Allemand, conseiller municipal dans l’opposition, déplorait que l’absence de raccordement physique avec la ligne 1 aurait nécessité la construction d’un deuxième centre de maintenance des rames à Saint-Augustin, ce qui était une remarque très judicieuse, seulement, comment agrandir le premier ?