Depuis plusieurs décennies, le pneu envahit le transport urbain. Ses défauts sont pourtant aussi nombreux que ses qualités. Pourquoi alors continuer à l’utiliser et va-t-il supplanter le roulement sur rail ?
Avec l’apparition du rail au début du XIXe siècle, les transports vont connaître une profonde mutation. Le principe connu de la réduction de l’effort de traction va permettre à cette invention de connaître un développement considérable que rien semblait-il ne pouvait remettre en cause. De nouvelles techniques de transport vont néanmoins apparaître à la fin du XIXe siècle dans un foisonnement d’idées nouvelles. Les recherches sont nombreuses, de la plus utile à la plus farfelue, sorties des imaginations les plus diverses. L’une d’elle va venir investir les modes de déplacement et remettre en cause la toute suprématie du rail. La roue va ainsi bientôt se doter d’un pneu et les qualités de la nouvelle invention vont rapidement s’imposer. Le pneu épouse la route, renforce le confort, facilite le roulement en augmentant l’adhérence. Timidement, on va d’abord l’appliquer à la bicyclette qui connaît à la fin du XIXe siècle un développement considérable. À l’origine, John Dunlop conçoit un boudin de caoutchouc gonflé d’air qu’Édouard Michelin va perfectionner. Il met au point une chambre à air facile à démonter qui va populariser l’invention.
Les premiers vélos en sont équipés favorisant plus encore l’essor du nouveau véhicule. Tout le monde va bientôt enfourcher sa machine pour partir à l’assaut des chemins et des routes chaotiques du pays. Mais si la bicyclette popularise le pneumatique, c’est un autre véhicule qui va bientôt s’en emparer. L’automobile favorisée par le développe ment du moteur à essence connaît à la même époque une révolution. Les constructeurs sont nombreux et la puissance des moteurs se développe, augmentant la vitesse des machines. L’état des routes, jusqu’alors réservées à des modes de transport assez lents, a longtemps constitué un frein à l’expansion automobile. Pour faire face à l’inconfort de voies souvent peu entretenues, les meilleures étant pavées, le pneumatique est une solution d’avenir. Jusqu’alors, les voitures étaient équipées de roues montées sur des bandages pleins, une grosse épaisseur de caoutchouc qui répercute les aléas de la route. Appliqué à l’automobile, le pneu va permettre, associé à une bonne suspension de compenser en partie le mauvais état de certaines chaussées. On le retrouve bientôt sur les camions autant que sur les voitures où il assure une meilleure qualité.
Des omnibus montés sur bandages
Au début du XXe siècle, le transport urbain ne se soucie pas encore du pneu. À Paris, la CGO, Compagnie générale des omnibus décide en 1906 de remplacer ses omnibus hippomobiles par des engins automobiles. En cause le coût très élevé de l’entretien d’une cavalerie de plusieurs milliers de têtes. L’exploitation d’une ligne demande en moyenne 140 chevaux par jour pour lesquels il faut des écuries nombreuses et des dépôts à proximité des lignes. À cela il faut ajouter la nourriture et les indispensables soins aux animaux qu’on envoie régulièrement au repos dans la ferme de Claye-Souilly. L’omnibus automobile ne sera jamais fatigué ni malade, sauf peut-être quand le moteur tousse. Rapidement, l’autobus s’impose à la CGO et en 1913, le dernier omnibus à cheval retourne à l’écurie. En 1921 quand la STCRP, Société des transports en commun de la région parisienne remplace la CGO en fusionnant les différentes compagnies parisiennes de transport, elle exploite une quarantaine de lignes d’autobus, mais l’essentiel de son réseau est encore constitué de tramways. Le tram s’est développé à une époque où l’omnibus hippomobile était très peu performant. Il va rester longtemps le seul mode de transport efficace et les lignes vont bientôt se multiplier. D’abord hippomobile, il est rapidement autonome utilisant toutes les formes d’énergie possibles, de la vapeur à l’air comprimé, en passant par les batteries embarquées et pour