Malgré quelques aléas, la compagnie suisse semble s’être recentrée avec succès sur la part la plus lucrative de son activité, à savoir le trafic international. Une stratégie qui passe par l’exploitation des capacités des matériels moteurs interopérables de nouvelle génération.
BLS Cargo a produit en 2014 environ le quart des trains de marchandises transitant par la Suisse, contre 5 % pour le trafic des trains complets circulant dans ce pays et celui de l’import-export. Des problèmes de change et de coûts ont généré des pertes au premier semestre 2015. Mais la stratégie de BLS Cargo, qui, pour remporter des trafics lucratifs, mise sur l’international et sur l’interopérabilité, est plus que jamais confortée. À ce titre, l’opérateur a commandé à Siemens des Vectron quadricourant. La posture du BLS, qui est historiquement reconnu comme leader dans ce domaine (voir encadré page 34), est révélatrice de bien des tendances actuelles en matière de locomotives. L’ouverture à la concurrence du trafic marchandises a contribué à l’accroissement du rayon d’action du BLS. L’entreprise a longtemps été cantonnée peu ou prou à la section Thoune – Brigue (ainsi qu’à quelques antennes), soit son itinéraire historique. Aujourd’hui, la division Cargo du BLS exerce sa responsabilité commerciale, en plus de la Suisse et sans oublier l’Allemagne ou l’Autriche, des Pays-Bas à l’Italie. Même si la conduite et/ou la traction à l’étranger relève(nt) de partenaires, le BLS est de fait actif sur le corridor n° 1, alias Rhine- Alpine, ainsi que sur le corridor n° 2 (via la rive gauche du Rhin). La compagnie revendique une part de marché (exprimée en tonnes brutes) de 27 % dans le transit sur rails à travers la Suisse pour 2014. Ce flux exprimé en tonnes nettes a représenté globalement 26,6 millions de t – la part de BLS Cargo est alors de 24,4 % – en 2014 et 25,17 millions de t en 2013, soit + 6,2 % par rapport à 2 012.
L’activité de BLS Cargo concerne à 85-90 % le transit soit par le Lötschberg, soit par le Gothard, avec dans les deux cas un trafic combiné très important. Le format général de ces convois est de 1 400 t (UM 2) ou 1 600 t (UM 2 + pousse), voire 1 800 t sur la ligne de faîte du Lötschberg, pour une longueur de 550-600 m. Leur vitesse maximale peut être de 120 km/h, mais leur vitesse moyenne n’est dans la pratique que de 50-60 km/h. Les 15-10 % restants des trafics de BLS Cargo portent sur des trains complets et d’import-export, ou « Bimpex » en allemand (voir encadré en page 36). La corrélation entre le développement de BLS Cargo et l’évolution de la flotte de locomotives, de 2001 à 2015, est de fait particulièrement saisissante. Dès 2002, le BLS s’équipe de 10 Re 485 (+ 10 en 2004) dans la configuration DCH (Allemagne, Suisse). Ce sont des Traxx AC 1 (5,6 MW en régime continu, avec le « Swiss Paket », dont les fameux 300 kN jusqu’à 67 km/h), identiques aux Re 482 de CFF Cargo et aux BR 185 de la DB. Elles ont d’origine le ZUB 262 en plus des équipements de sécurité allemands. Des engins loués à Angel Trains complètent alors ponctuellement cette dotation. La coopération avec Railion puis DB Schenker et ses filiales s’intensifie : plates-formes de productions communes sur le Gothard en 2003, Railport en 2005, collaboration avec ECR (filiale de DB Schenker) en 2007. La part de l’entreprise allemande dans le capital de BLS Cargo est portée à 40 % (3 % pour le logisticien italien Ambrogio) en 2008. Pour mémoire, BLS Cargo est autorisé Allemagne en 2006 et installée dans ce pays (via BLS Cargo Deutschland) en 2007. L’opérateur créé BLS Cargo Italia en 2006. On notera que ces deux filiales n’ont pas de fonctions commerciales et qu’elles se limitent à des tâches opérationnelles. Aujourd’hui, BLS Cargo bénéficie d’une autorisation pour circuler sur les noeuds ferroviaires de Bâle et de Singen, mais n’a plus de certificat pour l’Allemagne.