Mise en service en octobre 1915, cette ligne, l’une des plus spectaculaires du réseau SNCF, a donc célébré son centenaire à la fin de l’an dernier. Évoluant, entre autres, dans le magnifique paysage des calanques entre Miramas et L’Estaque, elle a pour caractéristique d’accueillir, outre des TER et quelques trains grandes lignes, un important trafic de fret en rapport avec le complexe industriel de Fos-sur-Mer.
L’appellation de Côte bleue, contrôlée au plan régional, s’applique au parcours terminal de la ligne Miramas – Martigues – L’Estaque dominant les escarpements de la côte méditerranéenne dans sa partie terminale. En fait, cette artère, numérotée aujourd’hui 935 dans le catalogue SNCF Réseau (ex-RFF), se compose de deux parties dont les ouvertures respectives ont eu lieu à 33 ans d’intervalle. À l’origine, le parcours Miramas – Port-de-Bouc, long de 25 km, avait été concédé en 1875 à la Société des chemins de Fer méridionaux français comme ligne d’intérêt local, ouverte au trafic jusqu’à Rassuen en 1879, puis jusqu’à Port-de-Bouc en 1881. Mise en liquidation l’année suivante, elle avait été reprise en 1888 par la Société du chemin de fer de Miramas à Port-de-Bouc (MPB), dont les résultats d’exploitation ne furent pas des plus probants. Son prolongement pour joindre Port-de-Bouc à Marseille, et constituer ainsi un itinéraire bis permettant de pallier l’obstruction éventuelle du grand tunnel de la Nerthe sur l’artère impériale, a été autorisé par la loi du 29 juin 1904.
Le tronçon existant étant lui reclassé parallèlement comme ligne d’intérêt général adjugée au PLM – moyennant des adaptations comme la suppression du terminus en impasse côté ouest de la gare de Miramas avec demi-boucle vers l’est et la mise à double voie et l’amélioration du tracé jusqu’à Port-de-Bouc –, mise en service le 1er juin 1913. Pendant ce temps, la nouvelle section Port-de-Bouc – L’Estaque, longue de 36 km, qui a nécessité des travaux d’infrastructures considérables, avec des glissements de terrains, des difficultés de forages, assortis de grèves à répétition de 5 000 ouvriers, dont des Italiens, Espagnols et Portugais, avait pris naissance en 1908. Son ouverture par le PLM au coeur du premier conflit mondial s’est faite le 15 octobre 1915 sans flonflons, peu après le tronçon Frasne – Vallorbe de la ligne internationale du transjurassien. Ayant connu bien des événements, notamment au cours de la guerre de 1939-1945, cet itinéraire méridional long de 61 km, plus long de 18 km que celui principal longeant l’étang de Berre par le nord via Rognac, est aujourd’hui géré par la région SNCF de Marseille. Son activité est double, avec de gros tonnages fret de Miramas à Fos et Martigues, voyageurs TER de Miramas à Marseille. Classé au rang des parcours éminemment touristique les plus marquants de la SNCF, celui compris entre Sausset-les- Pins et L’Estaque, dans un environnement rocheux, accumule de splendides échappées sur le bleu turquoise du littoral, ce qui mérite assurément un détour, voire un séjour dans les petites localités de pêcheurs blotties au fond de calanques, avec excursions pédestres et maritimes.
De la plaine de la Crau à la chaîne de la Nerthe Établie intégralement dans le département des Bouchesdu- Rhône, la ligne à double voie Miramas – L’Estaque passe en saut-de-mouton à la sortie est du noeud ferroviaire de Miramas sur l’axe principal Paris – Marseille et contourne l’agglomération miramasséenne par le sud. Piquant droit dans cette direction, traversant le canal de Craponne, elle est établie à la lisière orientale de la plaine de la Crau, où réside l’aérodrome militaire d’Istres-Le Tubé (base aérienne 125).
étangs de l’Olivier et de Berre, la voie ferrée longe ensuite les étangs de Lavalduc et d’Engrenier et atteint la cité de Fos-sur-Mer sur le golfe éponyme, avec son vieux village perché sur un promontoire. Coupant le canal d’Arles à Bouc, elle dessert la ville de Port-de-Bouc (17 000 habitants aujourd’hui) avec son fort Vauban, siège d’un port de commerce, d’industries navales et chimiques. Traversant à nouveau le canal précité, elle franchit à la perpendiculaire le canal de Caronte, unissant le golfe de Fos à l’étang de Berre, par un viaduc remarquable par ses dispositions. À son extrémité sud se situe la gare de Martigues, éloignée de 3 km de la localité (48 000 habitants), ville désignée la « Venise provençale » avec son port et ses canaux sur la rive ouest de l’étang de Berre, renfermant plusieurs sites archéologiques et divers édifices religieux et civils. Poursuivant sa route en restant à l’intérieur des terres au pied des contreforts de calcaire blanc de la chaîne de l’Estaque, parsemés d’une végétation typiquement provençale composée de pins, thym, sarriette, lavande, romarin, myrte, lauriers, agaves, cactus, la ligne évite le cap Couronne, dessert les localités balnéaires de Sausset-les-Pins et Carry-le- Rouet, offrant de petites plages tranquilles au fil des criques.
Traversant plusieurs vallons profonds, elle domine à La Redonne-Ensuès/la Madrague-de-Gignac, puis dès lors est tracée au plus près et en surplomb du rivage méditerranéen, aux indentations multiples, dépourvu de route. Recoupant une succession d’éperons rocheux, plongeant dans la mer – où la végétation est devenue rare –, avec force viaducs et tunnels, ce parcours en cache-cache dessert Niolon et Le Rove, siège de batteries côtières, avec vue sur l’archipel du Frioul, et parvient à L’Estaque, où un sautde- mouton permet son intégration sur la ligne principale Paris – Marseille. L’implantation de la ligne est bonne de bout en bout, avec 56 % en alignement, le reste avec des courbes descendant rarement en dessous de 500 m de rayon. De même, le profil en long très légèrement bosselé n’inclut pas de rampes supérieures à 5 ‰. Si de Miramas à Port-de-Bouc, on ne dénombre qu’un tunnel, celui de l’Engrenier, par contre, au-delà, sur la section ouverte en 1915, le nombre