Ces machines bimodes signées Alstom vont remplacer plusieurs séries anciennes qui œuvraient sur les triages ou en ligne sur les chantiers infra.
Les débuts de l’Aem 940 de CFF Infrastructure Texte et photos de Sylvain Meillasson L’Aem 940 (voir Rail Passion n° 249) commence sa carrière auprès de la division Infrastructure des CFF. Elle fait figure de compromis. En effet, cette plateforme est appelée à couvrir une large enveloppe d’utilisations, que ce soit dans les gares de triage – le tri incombe en Suisse à CFF Infrastructure – de Limmattal et de Denges (deux fois cinq engins) ou que ce soit sur des chantiers de renouvellement (37 unités), dont le nombre ne cesse de croître (voir encadrés). De fait, elle doit se substituer à un panel étendu de locomotives. Mais à moins d’aménagements, elle ne peut faire aussi bien, principalement dans un cas spécifique, que certaines de ses prédécesseurs.
L’Aem 940 a été commandée en plus grand nombre qu’initialement prévu (47 au lieu de 35) et fait l’objet de 13 options pendantes. Les cinq unités de préséries subissent depuis 2018 de nombreux tests qui, selon l’habitude helvétique, visent non seulement à s’assurer de la conformité du produit mais aussi, à améliorer plus avant celui-ci. L’Aem 940 doit être à la fois déployée en triage (configuration 22,5 t à l’essieu grâce à des lests amovibles) et sur le réseau CFF (21 t à l’essieu). La méthode dite de « tri par gravité » est utilisée à Limmattal (aux abords de Zurich) et à Denges (ou Lausanne Triage), ce qui implique de s’accommoder de déclivités marquées : jusqu’à 60 ‰ dans le premier cas et jusqu’à 48 ‰ dans le second ! Plus encore, les installations de Limmattal ne sont que partiellement électrifiées – la bosse et ses accès depuis le faisceau arrivée le sont mais pas les voies de formation –, alors que celles de Denges sont toutes sous caténaire. Dans la pratique, Limmattal fait d’ores et déjà l’objet de dispositions particulières pour l’exploitation des Aem 940. Le passage en bosse s’effectue électriquement. Les opérations de tri au sein du faisceau de formation et via la bosse, tout comme celles de transfert vers le faisceau de départ, impliquent de recourir aussi au mode thermique et, dans le cas de l’Ame 940, de procéder à des transitions dynamiques. Enfin, du fait des nombreux appareils et des freins de voie présents dans le triage, le sablage est proscrit en traction mais autorisé en freinage.
Construite spécialement par Alstom (dans son usine de Belfort en France) pour les CFF, la nouvelle locomotive bimode [électrique et diesel-électrique] de manœuvre et de ligne “Aem 940” fait l’objet de tests en gare de triage de Limmattal (à proximité de la ville de Zurich) depuis la mi-juin dernier. C’est vachement à la fois un crocodile et un hippopotame “rouge cerise” puissant [2000 kW max. en mode électrique/900 kW max. en mode diesel] sur quatre essieux! Au total, 47 nouvelles locos polyvalentes, acquis auprès d’Alstom, 10 exemplaires serviront comme locomotives de manœuvre à CFF Cargo [aux gares de triage de Lausanne et Limmattal], et CFF Infrastructure-Maintenance en utilisera 37 pour la traction des trains de chantier à une vitesse pouvant atteindre 120 km/h. À partir de décembre prochain, l’Aem 940 remplacera graduellement les types de locomotives Am 6/6, Ee 6/6, Am 841 et Am 842, tous naturellement devenus démodés après tant d’années de travail assez lourd. Comme d’habitude, afin d’effectuer un fonctionnement de pionnier efficace pour l’avenir de son service fret ferroviaire, les CFF continuent à maintenir un rythme régulier bien connu.