Destinés à remplacer les rames Corail sur les liaisons IC, notamment à parcours partiellement en traction thermique, ces nouveaux matériels bitension et bimodes sont entrés en service commercial début février sur Paris – Belfort. 64 rames, très semblables aux Régiolis mais plus confortables, ont pour l’instant été commandées.
Elles ont un peu de retard sur le planning de construction, mais les premières rames neuves du Coradia Liner d’Alstom, conçu pour Intercités, assurent leurs premiers trains commerciaux depuis le 6 février sur l’axe Paris – Troyes – Belfort. En octobre 2013, l’État, autorité organisatrice des Trains d’équilibre du territoire, annonce un investissement de 510 millions d’euros pour l’acquisition de 34 rames Coradia d’Alstom. Une option de 100 millions est évoquée. L’État évoque l’urgence pour profiter du marché ouvert par la SNCF pour les régions sur le Régiolis, version TER du Coradia.
Le 4 décembre 2013, la convention de financement est signée avec Alstom. Les premières liaisons sont alors attendues pour fin 2015. Cette version Coradia est la version grandes lignes, pour des liaisons longues, intervilles. Le confort devra être élevé pour tenir la comparaison avec celui des voitures Corail que ces rames vont remplacer. Elles sont destinées en priorité à des relations sur des lignes partiellement non électrifiées : Paris – Troyes – Belfort, Paris – Amiens – Boulogne, Paris – Montluçon, Nantes – Bordeaux et Nantes – Lyon. C’est une première pour les trains Intercités, qui ont toujours utilisé du matériel de type Corail existant ou recyclé (Téoz par exemple). La production va accuser un retard d’une année suite au processus de reprise d’un fournisseur d’Alstom : l’équipementier CEIT, fabricant d’intérieurs ferroviaires à Loudun (Vienne), est repris par Barat Group (portes secondaires et fenêtres) à Saint-Aignan, Loiret- Cher, en juillet 2014.
La rame de présérie entame donc ses essais à l’automne 2015. Apte à 160 km/h, le Coradia IC est très semblable au Régiolis, notamment pour les caisses et les équipements techniques. Il s’agit d’une version à six caisses, de conception articulée sauf en son milieu (deux bogies pour la sécabilité en atelier), bimode et bitension. Cette série est numérotée B 85000. S’agissant d’un matériel exploité par la SNCF, il est revêtu d’une livrée carmillon inspirée de celle des TGV : face avant noire avec deux bandes latérales carmillon, faces latérales blanches avec bandeau gris anthracite au niveau des baies rehaussé d’un fin bandeau carmillon et portes couleur carmillon.
Le nombre de places offertes est de 269, inférieur à celui de la version Basse-Normandie pour Paris – Granville, avec 281 places, ou TER, à 290, en Picardie. Le Coradia IC propose donc l’équivalent d’une rame de trois ou quatre voitures Corail. Il faudra sans doute fréquemment recourir à des UM 2 voire des UM 3. Le Coradia IC mesurant 110 m, la question de la longueur des quais pourra se poser en UM 3 : 330 m, comparés à 290 m pour une rame Corail de 10 voitures, locomotive comprise. La 1re classe, comme en Basse- Normandie, propose 35 places, mais elles sont réparties sur les véhicules 4 (12 places) et 5 (23 places).
Contre le rhume dérangeant du service pas mal démodé des TER et d’IC, l’effet d’eucalyptus puissant et promettant de la SNCF continue. Après les rames “Régiolis” destinées à remplacer graduellement la flotte actuelle TER, maintenat c’est le tour des rames “Coradia Liner” pour le projet de modernisation des trains IC existants. Il est temps que la SNCF commence à reflechir sérieusement aux cimetières assez grandes pour ses voitures Corail modernisées ou non.
Dans les temps à venir, on pourrait dire que la plupart des jeunes ferroviphiles françaises auront envie de crier fréquemment et silencieusement “Viva Coradia” en voyageant avec ces rames récentes ou en les photographiant/filmant sur les quais des gares. Et pourquoi pas? Si la main en acier inoxydable de la mauvaise chance ne les frappe pas d’une intensité dure et inattendue, ces nouveaux matériaux sont en route pour la gloire et pour une carrière quasi légendaire (comme les trains IC-Corail et les autorails TER avant elles). Avec les ordres et mises en service réguliers des rames Coradia Liner destinées pour le remplacement des anciens trains TET et des Coradia Polyvalent (Régiolis) pour la substitution des trains TER vieillis, la SNCF Mobilité et les six des dix sites d’Alsthom en France peuvent enfin continuer à faire de beaux rêves avec moins de cauchemar.