Cette ligne savoyarde assez fréquentée a été placée en début d’année sur le devant de la scène en accueillant des trafics détournés suite à l’interruption de l’artère Lyon – Genève par un éboulement. Et elle reste aujourd’hui dans l’actualité en raison des travaux d’aménagements dont elle fait l’objet en vue de la mise en service de la liaison Ceva entre Genève et Annemasse, qui la concerne directement.
Terre d’expérimentation du courant monophasé en France dans les années 50, avec celle du 20 kV, cette artère à voie unique de Haute-Savoie a longtemps tenu le titre, sur son tronçon méridional d’Aix à Annecy, de ligne de la sorte la plus chargée de la SNCF avec celles de Toulouse à Saint-Sulpice-Tarn et d’Épernay à Reims. Longue de 95 km sous courant monophasé 25 kV, identifiée 897 au catalogue du RFN, elle comprend en fait trois tronçons successifs ouverts par la compagnie PLM, en 1866 d’Aix à Annecy, puis en 1884 au-delà vers Annemasse :
– Aix-les-Bains – Annecy (39 km), équipé du BAL avec six gares de croisement (Grésy-sur-Aix*, Albens*, Bloye*, Rumilly, Marcellaz-Hauteville*, Lovagny-Gorges-du-Fier*), dont les voies d’évitement sont accessibles à 60 km/h, télécommandées depuis le poste 1 d’Annecy ;
– Annecy – La Roche-sur-Foron (39 km), cantonné au moyen du block manuel unifié, avec cinq gares de croisement (Pringy/Haute-Savoie, Saint-Martin-Bellevue*, Groisy-Thorens-La Caille, Évires*, Saint-Laurent/Haute-Savoie*), dont les évitements sont abordables à 40 km/h ;
– La Roche-sur-Foron – Annemasse (17 km), dotée du block manuel unifié, avec un seul évitement, accessible à 40 km/h, en gare de Reignier.
(Les gares suivies d’un astérisque sont actuellement fermées au trafic voyageurs.)
Se déroulant dans les paysages de moyenne montagne de l’Albanais, des sauvages gorges du Fier, du pays de Fillière et du Faucigny, cette artère, qui atteint son point culminant à Évires à l’altitude 76,7 ne manque pas de charme, mais est sensible aux aléas climatiques, tels les éboulements et glissement de terrains, chutes de rochers, lesquels se sont déjà produits à plusieurs reprises. Elle comporte un chapelet de huit tunnels cumulant 2 724 m dont celui des Bornes sous le col d’Évires est le plus long avec ses 1 577 m. Une collection de 19 viaducs (deux étant métalliques) ont été construits dont cinq sur le Fier, un sur le Chéran et un sur l’Arve. Très sinueuse, avec quelque 319 courbes descendant au minimum à 300 m de rayon et des rampes de 20 ‰, elle affiche des vitesses limites admises sur une superstructure renouvelée avant 2000 qui s’étagent de 140 km/h, seulement du Km 14,8 à Rumilly, à 115 puis 100, descendant même jusqu’à 80 km/h à l’entrée d’Annemasse. De tout temps elle est restée fermée pendant la période nocturne. Si elle a perdu vers 2010 tout trafic fret local et en 2016 son dernier train de nuit, elle est par contre fréquentée par un mouvement de circulations voyageurs particulièrement fourni.