La Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, présidée par Patrick Ollier (UMP), a présenté le 17 juin un rapport pour « remettre le fret sur les rails ». Il propose dix pistes pour redresser l’activité fret de la SNCF, qui pourrait afficher 600 millions d’euros de pertes cette année. La plus polémique, la filialisation, fait grincer les dents les syndicats. « Nous suggérons de filialiser la branche fret de la SNCF, en s’inspirant de ce qu’ont fait les Allemands après la réunification en 1994 de leurs deux entreprises ferroviaires, la Deutsche Bundesbahn de l’ancienne RFA et la Deutsche Reichsbahn de l’ancienne RDA. Une structure de cantonnement serait créée, aidée par l’Etat, qui permettrait de maintenir la rémunération et le statut des agents et de les mettre à disposition de la nouvelle filiale. Par la suite, les nouveaux embauchés de la filiale n’auraient pas le même statut, ce qui permettrait à l’activité de redevenir compétitive en baissant ses prix de 30 %, voire plus, pour arriver à un report modal », explique le rapporteur, Yanick Paternotte, député (UMP) du Val-d’Oise.
Sur l’autre sujet sensible, les wagons isolés, qui représentent quelque 40 % de l’activité de Fret SNCF mais 70 % de ses pertes, il recommande de ne surtout pas abandonner ce secteur, faute de quoi c’est l’ensemble du fret ferré qui disparaîtrait. Plutôt que de subventionner l’activité, il préconise la création d’opérateurs ferroviaires de proximité qui devraient assurer des prestations de moindre coût, grâce à l’implication des régions ou des chambres de commerce. D’où la nécessité d’interdire les camions de très grandes capacités, « les gigaliners » de 25 mètres et 60 tonnes, qui risqueraient de leur faire concurrence.
Pour faciliter le fret de proximité, il propose encore de confier à un établissement public (il pense à Réseau ferré de France) la gestion des gares de fret et des embranchements fret. Parmi les autres pistes, il se prononce pour la mixité d’usage des rames, trains, RER ou tramways, qui assurerait à la fois le transport de voyageurs et de fret. Et, en tant que tête de file de l’association Carex, qui vise à promouvoir le transport ferroviaire de fret à grande vitesse entre les aéroports européens, il réclame aussi l’ouverture de la grande vitesse au fret ferroviaire et l’encouragement des pouvoirs publics.
Marie-Hélène POINGT