Tous les amateurs de nature et de train se réjouissent de la création du Panoramique des Dômes, un train à crémaillère dont la voie a été construite sur la plateforme de l’ancienne route. Un bon moyen pour le plus célèbre des volcans d’Auvergne de reconquérir son environnement naturel.
Depuis quelques mois, les quatre rames gris clair du train à crémaillère se livraient à des essais en ligne. Et tout marchait bien si un orage d’une violence exceptionnelle n’avait obligé TC Dôme son exploitant à retarder quelque peu la mise en service commerciale du Panoramique des Dômes. La voie s’élève lentement à flanc de coteau, le long de la courbe du volcan jusqu’au sommet du puy de Dôme, à 1 465 m d’altitude.
L’événement ferroviaire passionne les amateurs de trains. Il y a un siècle que la France n’a pas construit de chemin de fer à crémaillère. Celui-ci, dû à Stadler, une entreprise suisse, renoue donc avec ce système de rail denté qui permet de gravir les pentes les plus raides. Un retour à la tradition qui s’accompagne des avancées technologiques les plus récentes. Côté confort aussi, tout est fait pour que les voyageurs se sentent à l’aise et profitent tous, grâce à une disposition astucieuse des sièges, de la vue sur la vallée.
Mais l’événement va beaucoup plus loin. Ce train, qui devient le symbole même du retour à la nature du site du puy de Dôme, s’intègre dans un vaste plan de réaménagement lancé il y a quelques années par le conseil général du Puy-de-Dôme. Ce projet, qui a coûté 88 millions d’euros, a bénéficié des financements de l’Europe, de l’État, du conseil régional d’Auvergne, de la communauté d’agglomération de Clermont-Ferrand et de l’exploitant, TC Dôme. Car le puy de Dôme, malgré sa célébrité, souffrait de négligence. Son sommet était défiguré par la présence d’un grand parking et d’équipements vétustes.
Au lieu de cela, désormais, l’heure est à la défense de l’environnement. La voie est construite sur la plateforme de l’ancienne route qu’elle remplace aujourd’hui. Hormis les véhicules d’urgence, les voitures n’accèdent plus au sommet. L’ancien parking a été supprimé et ses espaces ont été rendus à la végétation. Des sentiers ont été bien tracés pour les centaines de milliers de visiteurs attendus. Les plus courageux peuvent toujours monter à pied par le sentier des Muletiers, tandis que le train dépose au sommet, en toute saison et après un voyage de 15 minutes, ceux qui découvrent l’ancien temple gallo-romain mis en valeur dans le cadre d’un musée et l’observatoire météo construit sur ce site idéal pour l’observation du temps. Et puis surtout, ils admirent depuis le plus haut sommet du département cette vue unique sur la chaîne des Puys, témoin d’une histoire géologique exceptionnelle. Un patrimoine naturel remarquable dont les Auvergnats sont en train de prendre conscience. Depuis la naissance du Parc naturel des volcans d’Auvergne, celle, il y a dix ans, de Vulcania, sorte de « Cité des sciences de la volcanologie », et depuis l’ouverture au public des anciennes carrières du volcan de Lemptégy, ils tentent de donner aux visiteurs les clés scientifiques de ces bouleversements terrestres dans un environnement à l’authenticité retrouvée. Tout cela vaut au puy de Dôme le label de Grand site de France. Les élus de la région ambitionnent aussi que « la Faille de Limagne et la chaîne des Puys » soient classées au patrimoine mondial de l’Unesco.
Du côté du train, tout va dans le sens de l’intégration dans le paysage. La gare de départ qui est aussi maison de site, vaste et accueillante mais discrète, est en pierre sombre de Volvic, tandis que le centre de maintenance associe le bois et le verre. Des sentiers bordés de végétation canalisent les voyageurs jusqu’aux quais de départ. La livrée du train, elle aussi discrète, se fond dans le paysage. Même modestie pour les lieux d’accueil au sommet : un restaurant gastronomique offrant une vue imprenable et des possibilités de restauration rapide, et puis le point de départ des parapentes qui ondulent avec bonheur au gré de tous les vents qui soufflent là. C’est le regard sur l’Auvergne et sur la chaîne des Puys qui est invité à se renouveler.
C. C.
Photo : © TC Dôme