Situé sur le versant sud-ouest du massif de la Chartreuse dans le département de l’Isère, le funiculaire de Saint-Hilaire-du- Touvet a été construit de 1920 à 1924, et mis en service le 19 juil- let 1924. Franchissant les falaises du plateau des Petites-Roches, il relie Montfort, hameau situé dans la plaine du Grésivaudan sur la commune de Lumbin proche de Crolles à 271 m d’altitude, à Saint-Hilaire-du-Touvet situé sur le plateau des Petites-Roches à 967 m d’altitude, où se déroule chaque année la Coupe Icare. D’une longueur de 1,48 km, la voie unique, à écartement de 1000 mm, a une déclivité maximale de 83 %. À mi-parcours se trouve un évitement central de type Apt pour permettre le croisement de deux cabines, qui sont tractées par un câble unique actionné par une machinerie, située dans la station supérieure et fabriquée par l’entreprise suisse Von Roll.
Construit à l’initiative de la Caisse syndicale d’assurance mutuelle des Forges de France, le funiculaire est à l’origine destiné à la desserte des établissements de cure du plateau des Petites-Roches, y acheminant également des marchandises, puis aussi à l’acheminement de touristes de la vallée vers le plateau. En 1973, la société des Chemins de fer touristiques et de montagne (CFTM) reprend l’exploitation du funiculaire, qui est suspendue en 1972 en raison de la baisse très importante du nombre de voyageurs transportés. En 1977, une régie municipale, la Régie des remontées mécaniques du plateau des Petites-Roches, prend le relais de la CFTM. Elle exploite actuellement le funiculaire ainsi que la station de montagne de Saint-Hilaire.
Dans la nuit du 29 au 30 décembre 2021, alors que le département de l’Isère est en vigilance pluies-inondations, le torrent de Montfort, gonflé par les pluies violentes et une fonte rapide du manteau neigeux, déborde de son lit et endommage la voie, qui est suspendue à certains endroits au-dessus du torrent. La gare inférieure, qui est recouverte de près de 4 m de gravats et de boue enfouissant même jusqu’au toit une des deux cabines, est probablement complètement à reconstruire ou à remplacer. La station de ski de Saint-Hilaire est aussi endommagée par les intempéries. La gare haute est épargnée, toutefois la deuxième cabine, qui s’y trouve, est remontée de 10 cm sans occasionner de dégât.
Le funiculaire est fermé depuis le 31 octobre dernier et devrait rouvrir fin mars 2022. Si aucune victime n’est heureusement à déplorer, les dégâts sont considérables. Dès le 3 janvier 2022, les pelleteuses et les semi-remorques s’affairent pour évacuer dans un premier temps les quelque 10 000 m3 de gravats charriés par les eaux, afin de sécuriser les habitants demeurant près du site. Entre- temps, les élus locaux s’organisent afin d’établir un plan de remise en état de la voie et du site de la gare basse, qui a été rénovée à l’été 2020 ainsi que le parking pour 1,6 million d’euros. Les dégâts sont estimés à environ 4,5 millions d’euros. Courant février, un calendrier des travaux devait être établi en visant la réouverture du funiculaire pour son centenaire en juillet 2024, grâce à la mobilisation de la région, du département de l’Isère, des communautés de communes et des communes concernées. Plusieurs pistes sont déjà évoquées : reconstruire à l’identique, rehausser la voie, voire reconstruire avec un nouveau tracé, mais une chose est sûre c’est que personne ne veut voir disparaître ce monument historique qu’est le funiculaire du Touvet, le seul funiculaire touristique des Alpes françaises.
Cet article est tiré du n°293 de RAIL PASSION dont voici la couverture :