Après avoir évoqué le demi-siècle passé (voir Rail Passion n° 264), nous nous penchons ici sur la situation présente de l’axe Marseille – Vintimille et sur les deux gros chantiers à venir concernant Marseille et la région niçoise, indispensables préalables à l’arrivée, encore lointaine, d’une LGV Paca.
La physionomie de l’axe Marseille – Vintimille en 2019
La trame grandes lignes assurée exclusivement par les TGV qui ne concerne plus que la période diurne, s’est quelque peu rapetissée pour tenir compte des flux réels de clientèle. À l’horaire 2019 ont notamment disparu le TGV Bruxelles – Nice et le Metz – Nice. Sont ainsi proposées les fréquences suivantes dans le sens Nord – Sud (avec équilibre à l’inverse) :
• de Paris à Nice 7851 et 7853 (Ouigo), 6173*, 6175, 6169*, 6187 les vendredis ;
• de Paris à Menton 6177* ;
• de Lyon-Part-Dieu à Nice 6805* ;
• de Paris à Toulon 6153* les vendredis et dimanches, 6129* les samedis, dimanches ;
• de Paris à Hyères 6155* ;
• de Nancy à Nice via Strasbourg, Dijon 6827* ;
• de Lille Europe à Nice 5110* le samedi.
(Les marches astérisquées font demi-tour à Marseille-Saint- Charles en 12 min.)
Le meilleur temps alloué entre Paris et Nice est de 5 heures 45 avec des arrêts selon le cas à Valence-TGV, Avignon-TGV où Aix-en-Provence-TGV et Toulon, soit une légère détente par rapport à 2001, et celui entre Marseille et Nice de 2 heures 36, piètre performance par rapport à l’époque des TEE où l’on descendait à 2 heures 10 !
Les trains classiques sont désormais l’apanage :
• de l’opérateur italien Thello pour les IC 139, 147 Nice – Milan et 145 Marseille – Milan trois jours par semaine ;
• des RZD pour l’IC nocturne 18 BJ/17 BJ Moscou – Nice hebdomadaire ;
• des FS pour les trains de pèlerins issus d’Italie pour Lourdes pendant la saison de Pâques à la Toussaint.
En ce qui concerne les transports d’automobiles accompagnées, la formule des TAC, jadis florissante, est abrogée depuis plusieurs années. Actuellement, les véhicules sont acheminés par un train spécialisé nocturne Paris-Bercy – Nice 24501/24502, les clients empruntant eux les TGV.
Pour la gamme des TER, leur étoffement progressif aboutit à des dessertes particulièrement fournies (comme indiqué sur la carte ci-dessous par section de ligne), avec une zone creuse entre La Pauline-Hyères et Les Arcs, où la démographie de l’arrière-pays varois est clairsemée. Ils sont utilisés tout à la fois pour les déplacements professionnels, scolaires et universitaires, les loisirs, achats, par les vacanciers de toutes nationalités et les migrants vers les emplois monégasques et en Ligurie.
Hormis sept circulations Marseille – Nice dont une est poussée à Vintimille et une à Menton (plus une le vendredi, dimanche) à caractère semi-direct, toutes les autres ont un régime omnibus.
Un mot sur l’activité fret, devenue quasiment transparente avec quelques courants isolés vers un entrepôt de distribution branché sur la ligne de Hyères, des rames d’hydrocarbures pour la ZI de Toulon, des transports militaires vers les camps de Carpiagne et Canjuers, du matériel pour l’arsenal de Toulon et surtout trois ou quatre trains directs complets en semaine de Miramas à Vintimille – Roya véhiculant des citernes de gaz liquéfiés et des produits sidérurgiques pour l’Italie. Un renouvellement des deux voies entre Aubagne et Toulon avec emploi d’un train-usine a été entrepris de nuit de janvier à fin juin, depuis des bases travaux implantées à La Seyne et Carnoules.
Je me demande si la SNCF et ses quelques concurrents ont mené une enquête sérieuse auprès de la clientèle sur l’inquiétante pénurie de trafic de passagers (notamment le statut des trains de nuit classiques, y compris les trains auto couchettes [TAC]) sur cette ligne de chemin de fer légendaire et moderne. Par bonheur, on a toujours un service journalier assez fréquent des TGV et des TER contemporains sur les rails et sous les caténaires de l’artère majeure du réseau national circulant au bord de la mer Méditerranée sophistiquée et à couper le souffle.