Deux musées peuvent ravir les amateurs de transports urbains en Île-de-France. Des sites fermés qui commencent progressivement à recevoir du public.
À quand un grand musée des transports urbains en Île-de-France ? Cette question récurrente se pose depuis déjà pas mal d’années sans véritablement trouver de réponses. Pourtant, la région parisienne est sans conteste l’un des berceaux du transport public de voyageurs. Sans remonter jusqu’aux carrosses à cinq sols imaginés par Blaise Pascal à la fin du XVIIe siècle, plusieurs expériences ont été menées à Paris et dans sa banlieue. Depuis l’omnibus jusqu’au tramway en passant par l’autobus et le métro, la capitale est à chaque fois au cœur de l’innovation. De nouveaux véhicules et systèmes de transports y ont été mis au point qui ont influencé le développement économique et la production industrielle du pays.
Préserver ? Pour quoi faire ?
On comprend l’intérêt de raconter cette aventure moderne qui continue à s’écrire aujourd’hui. Malheureusement durant de très nombreuses années, les exploitants n’ont pas véritablement pris conscience de l’importance de leurs véhicules dans l’histoire industrielle et technologique de notre pays. Un château, une cathédrale voire un ouvrage d’art ont longtemps été mis en valeur, davantage qu’un omnibus, un tramway ou une voiture de métro. Pourtant tous ces véhicules ont leur place dans notre patrimoine. Malheureusement cette prise de conscience a été tardive. Durant des décennies, on a préféré faire place nette, envoyer chez le ferrailleur les voitures retirées du service sans bien toujours percevoir l’intérêt de leur conservation. Ainsi, il reste peu de véhicules anciens. Ceux qui existent encore ont été préservés par hasard, oubliés dans un hangar ou transformés à d’autres fins comme voitures de service par exemple. Il faudra toute la patience et le génie des restaurateurs pour leur rendre leur aspect d’origine. La plupart des omnibus, la quasi-totalité des premiers autobus ont ainsi définitivement disparu. Seules nous restent quelques photos en noir et blanc un peu flou. Il faudra faire avec ça. Au moment de l’éradication du tramway en France, la plupart des matériels ont disparu dans l’indifférence générale. À quoi bon, pensait-on, conserver ces engins tant décriés ? Leur prêter de l’intérêt aurait amené à s’interroger sur le bien-fondé de leur suppression. C’est ainsi que la STCRP, Société des transports en commun de la région parisienne a fait table rase de son important réseau de tramways sans rien conserver. La modernisation en cours du réseau est brusquement stoppée au profit de l’autobus qui reprend le flambeau sur toutes les lignes. Les matériels parfois encore assez récents sont détruits au même titre que les motrices plus anciennes. Très peu seront revendues en province malgré leur valeur. Ce sont d’ailleurs ces rares tramways ayant connu une seconde vie à Marseille ou Hagondange qui témoignent aujourd’hui de la splendeur passée des trams parisiens. Le même mouvement s’opère en province avant et surtout après la Seconde Guerre mondiale. La vague de modernisation ne laisse aucune place à la préservation des matériels. Pourtant le tramway méritait mieux. Dès le milieu des années 1950, certains amateurs ont conscience de l’erreur historique qui se joue sous leurs yeux. Ils ne peuvent se résoudre à voir ainsi disparaître dans l’indifférence générale ces véhicules qui ont marqué l’histoire des transports de notre pays. Parmi eux, comment ne pas citer Jean Robert bien connu dans l’univers des transports urbains pour ses ouvrages devenus des classiques sur le métro, les tramways parisiens ou encore les transports dans les villes de province.