La mise en service du nouveau tramway de Saint-Étienne (voir Rail Passion n° 237) donne l’occasion de nous pencher sur son constructeur, l’espagnol CAF, déjà bien connu comme fabricant de trains et qui remporte aujourd’hui un beau succès dans le domaine du transport urbain avec sa gamme de trams Urbos.
L’histoire de la société CAF (Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles), installée à Beasain (près de Saint-Sébastien) est déjà longue. Fondée en 1861, la Fabrica de Hierros San MartÃn réalise en 1896 à Beasain des roues pour les tramways de Saint- Sébastien puis étend ses capacités aux locomotives, automotrices et tramways en se regroupant avec la Maquinista Guipuzcoana en 1892. Le site de Beasain est agrandi en 1898 puis intégré en 1905 dans l’alors récente SECM (Sociedad Espanola de Construcciones Metallicas) ; la firme de Beasain devient à cette date FVB (Fabrica de Vagones de Beasain). D’un autre côté, le franco-espagnol Carde y Escoriaza entreprend, en 1896, la construction de motrices de tramways puis est absorbé en 1922 par MMC (Material Movil y Construcciones). En 1917, la FVB devient CAF, constructeur de matériel ferroviaire. Plus tard, en 1971, CAF fusionnera avec MMC. Afin d’être présent sur le marché pour le renouveau du tramway en Espagne, CAF s’associe avec Siemens pour présenter, en 1993, un produit comportant du plancher bas sur 70 % de sa surface. Les FGV (Ferrocarrils de la Generalitat Valenciana) sont le premier client (avec 29 rames de la série 3800 destinées aux tramways de Valence) et Lisbonne le deuxième (avec ses 10 rames « Articulados » série 500, qui tranchent avec les célèbres « Remolados », matériel à deux essieux en service sur les tramways de la capitale portugaise !). Les bogies ainsi que l’équipement électrique des rames modernes de Lisbonne sont fournis par Siemens.
Puis CAF décide de réaliser seul son premier tramway à plancher bas, baptisé Urbos et qui comporte actuellement trois générations :
• l’Urbos 1, rame articulée à plancher bas sur 70 %, dont Bilbao se porte acquéreur en 2002 ; huit rames sont réalisées dont sept identiques et la dernière utilisée pour tester la solution retenue pour le futur Urbos 2 ;
• l’Urbos 2, rame articulée à plancher bas intégral, réalisée en une première version « prototype » ; cette génération est pourtant retenue pour les réseaux Malaga-Velez, Vitoria- Gasteiz, Séville et Antalya (Turquie) ;
• l’Urbos 3, rame articulée à plancher bas intégral en version définitive avec, en outre, la possibilité d’intégrer des supercondensateurs (version « Acumulado de Carga Rapida » – ACR) qui permettent de charger une « Ultracap » pour rallier la station suivante en autonome. L’Urbos 3 est choisi par Saragosse (21 rames), Séville (cinq), Malaga (trois), Édimbourg (27), Cadix (sept), Belgrade (30), Nantes (12), Grenade (13), Sydney (10), Stockholm (15), Besançon (19), Debrecen, en Hongrie (18), Cuiaba, au Brésil (40), Cincinnati (cinq), Birmingham (20), Kansas City (quatre), Budapest (36), Fribourg-en-Brisgau (12), Luxembourg (21), Utrecht (49), Amsterdam (63)…
Le succès de l’Urbos 3 tient beaucoup à son prix très compétitif. Il est disponible en plusieurs longueurs qui varient de trois caisses (Besançon, 132 voyageurs, 23,62 m) à neuf caisses (Budapest, 562 voyageurs et d’une longueur de… 55,91 m !). La caisse est construite en acier inoxydable et les cadres de bogies en acier Corten ; chaque bogie moteur comprend deux faux essieux coudés et surbaissés à l’extrémité desquels sont montées des roues indépendantes ; de