Morceaux choisis des années 60 : les acheteurs se sont bousculés le 18 décembre pour acquérir aux enchères des pièces détachées des fameux « Petits Gris » qui ont fait si longtemps le quotidien des banlieusards et des cheminots. Une vente organisée par la SNCF au profit des Restos du Cœur qui a rapporté plus de 45 000 euros.
Nostalgie, quand tu nous tiens… Le 18 décembre, il y avait foule sous le barnum installé cour de Rome devant la gare Saint-Lazare pour la vente aux enchères de pièces détachées des fameux « Petits Gris », ces rames en Inox, les Z 6100, qui, après avoir sillonné la banlieue Nord depuis 1965, tirent leur révérence. Les mises à prix variaient de 5 à 100 euros pour les objets : banquettes simples ou doubles en Skaï orange ou customisées par des designers, porte-bagages, plaques d’immatriculation de locomotive, phares, portes, hublots, marchepieds, lavabos, grands et petits sifflets et autres pièces détachées dont un, et un seul, siège de conducteur. Les 180 lots mis en vente au profit des Restos du Cœur ont tous trouvé preneur et la vente menée par Me Ludovic Morand et Me Romain Revol, commissaires-priseurs, a rapporté la coquette somme de 45 530 euros. De quoi ravir Véronique Colucci, présidente de l’association caritative, et Guillaume Pepy, qui s’est réjoui tout d’abord de l’affluence sous le chapiteau, puis du succès obtenu grâce « aux amateurs d’objets ferroviaires, aux fans du vintage et aux personnes venues simplement pour accomplir un geste de solidarité. » Il y avait tant de monde que le barnum s’est révélé trop petit. On a donc ouvert les portes et la vente s’est déroulée simultanément sous le chapiteau et sur le parvis pour ceux qui n’avaient pu entrer. La pièce vendue au prix le plus élevé est une banquette double à quatre places, partie à 2 000 euros. Une paire de portes extérieures a atteint 950 euros, une porte hublot 500… Les restaurateurs et les commerçants en quête de mobilier vintage côtoyaient collectionneurs et nouveaux amateurs de déco industrielle. Tel ce jeune homme acquéreur d’un signal d’alarme pour 300 euros (« Un objet un peu décalé pour mon appartement ») ou cet habitant du Val-d’Oise ravi de son acquisition, pour 440 euros, d’un porte-bagages, « vestige » des trains qu’il a emprunté des années durant sur la ligne H. Une jeune mère de famille est repartie avec une banquette quatre places : « C’est pour la chambre des enfants, j’y accolerai leurs bureaux de part et d’autre ». Présent du début à la fin, Dominique Le Goffic, cheminot chargé de la maintenance et de l’entretien des Z 6100 au dépôt de la Chapelle depuis plus de vingt ans, affichait un grand sourire. « Ces trains sont de vrais monuments historiques ! »
Carel et Fouché poursuivront la livraison des automotrices Inox jusqu’en 1975. Viendra ensuite le temps des réformes : 1985 pour les Z 3700, 1998 pour les Z 5100 (après un détour sur la ligne en troisième rail de Puteaux à Issy-Plaine), 2008 pour les Z 6300… Il faudra attendre l’arrivée des nouveaux trains Francilien, fin 2009, pour réformer les Z 6100 et 5300. Mais ces automotrices, familières à des générations de banlieusards, ne disparaîtront pas sans laisser de traces : une Z 6100 sera envoyée prochainement à la Cité du train de Mulhouse pour y être exposée. Une autre sera confiée à une association de passionnés des « Petits Gris » créée sur Paris-Nord en 2011 (Association pour la préservation d’un « P’tit gris » du Nord).