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Résistance-Fer : le pactole de la « Bataille »

9 juillet 2012
- -
Par : Georges RIBEILL

Si, engagés dans leur fameuse bataille du rail, les cheminots contribuèrent donc à accélérer la libération du territoire, ce fut bien en ordre dispersé. Ainsi s’explique, dès l’automne 1944, la volonté de certains cadres de la SNCF de regrouper tous les cheminots anciens résistants. Soutenue par Louis Armand, va naître ainsi l’association Résistance-Fer, déclarée en préfecture fin 1944. Avant tout société de secours auprès des veuves et orphelins de cheminots résistants, elle vise aussi l’homologation ministérielle en tant que réseau des Forces françaises combattantes. Louis Armand pèsera pour l’homologation d’un « réseau » Résistance-Fer, acquise en 1949, agrégeant post mortem tous les cheminots victimes à divers titres de l’occupation allemande tels que les agents exécutés en France ou déportés et morts en Allemagne.

L’association va donc mener une activité sociale discrète mais intense, par ses secours en espèces et en nature (vestiaires, colis alimentaires) prodigués auprès de quelque 1 600 veuves et 1 500 orphelins de cheminots résistants tués au combat ou morts dans les camps. Refusant par principe toute subvention publique, Résistance-Fer, dès 1945, s’efforce de trouver des recettes lui permettant d’alimenter ses caisses. Déjà en 1944, la réalisation d’un film court-métrage relatant la résistance à l’envahisseur de la corporation du rail – et dont la majorité des rôles seraient tenus par des cheminots bénévoles – avait été envisagée. En fin de compte, c’est le long-métrage La Bataille du rail qui sortira sur les écrans en février 1946, pour connaître aussitôt un immense succès populaire, en France comme à l’étranger. Au premier Tournoi international du cinéma à Cannes (première version de l’actuel Festival de Cannes), en octobre, le grand prix international lui est décerné ! Dans le sillage du film projeté dans les salles de province, une exposition itinérante du train blindé allemand tombé à la Libération entre les mains des résistants, et qui est l’une des spectaculaires « vedettes » du film, est organisée dans les grandes villes, de gare en gare ; bien que payante (5 francs l’entrée), cette exposition connaît, elle aussi, un très grand succès. Engagée à hauteur de 41 % dans la production du film, l’association Résistance-Fer se trouve ainsi assurée de très importantes ressources, que complètent les revenus, partagés avec le Comité national de solidarité cheminote (CNSC), de l’exposition du train blindé allemand et de la vente de billets de la Loterie nationale. Si le réalisme ferroviaire de La Bataille du rail contribua à son immense succès, c’est grâce aussi au concours de Louis Armand, mobilisant des cheminots, voire sacrifiant des moyens matériels de la SNCF, pour les mettre à la disposition de René Clément, son réalisateur.

Ce succès imprévu allait assurer à Résistance-Fer un double bénéfice que résumait ainsi en 1951 son président, René Brunet (1) : « Notre film est un des très rares films qui aient fait le tour du monde, et son succès, en France comme à l’étranger, s’est soldé par une propagande excellente au point de vue national et par des rentrées de sommes importantes. Ainsi, un double résultat, financier et psychologique, était atteint. Beaucoup de Français ont ainsi appris la large contribution des cheminots à la Libération du pays. » Le pactole accumulé va permettre l’acquisition à Valescure, près de Saint-Raphaël, d’une magnifique propriété entourée d’un parc de 13 000 m2, destinée, d’une part, à permettre aux anciens déportés et aux résistants de venir s’y reposer et s’y soigner et, d’autre part, d’y accueillir les orphelins pendant les vacances. Cet ancien hôtel des Anglais devient la maison du Souvenir, inaugurée le 6 février 1949 par Louis Armand et René Brunet.
Reconnue d’utilité publique par un décret du 5 décembre 1957, l’association Résistance-Fer assumera parfaitement jusqu’à sa liquidation un important quoique discret rôle social. Agents affiliés, conjointes, veuves, vont bénéficier de secours en argent, de compléments à leurs dépenses de santé : après le remboursement – réputé faible – par la Caisse de prévoyance de leurs « appareils dentaires, optiques ou acoustiques », la plupart des bénéficiaires voient le reliquat des dépenses demeurant à leur charge couvert en partie (de 20 à 40 %) par Résistance-Fer : une fraction d’autant plus élevée que leur « position » (soit un coefficient appréciant leur situation matérielle) est faible. Témoignant du vieillissement naturel de ses adhérents, la contribution de Résistance-Fer à l’achat de ces prothèses constitue dans les années 1980-1990 son mode de secours dominant.
Résistance-Fer contribua aussi de manière plus visible à gérer et à affirmer une politique de la mémoire de la Résistance cheminote, participant à diverses œuvres humanitaires, à l’érection de monuments et à l’ouverture de musées, au concours scolaire annuel de la Résistance et de la déportation. Comme elle était condamnée à une disparition inexorable de ses adhérents, sa dissolution fut décidée en 1997.

Georges RIBEILL



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